Avec Zara Pre-Owned, Zara Fait Son Entrée dans le Marché de l’Occasion

Zara Pre-Owned. Une plateforme dédiée à la seconde main lancée depuis le 3 novembre dernier au Royaume-Uni…

Sérieusement ? Zara ?

En même temps, on peut le comprendre. Au vu du nombre d’articles de la marque en vente sur Vinted par exemple (47,2 millions au moment de ma recherche), il est logique pour la griffe espagnole de vouloir détenir son propre service (et on promet que ce n’est pas pour l’argent que ça va rapporter… tousse).

D’ailleurs, où en est-on avec le marché de la seconde main ? Allez, petite mise à jour…

En France, il représente aujourd’hui 7 milliards d’euros, dont 1 milliard pour le textile. Il est estimé à 7,4 milliards d’euros en 2020 (oui, on parle toujours de la France).

Et au niveau mondial, sa valeur serait comprise entre 100 et 120 milliards de dollars et représenterait 3 à 5% du secteur de l’habillement, des chaussures et des accessoires

O-M-G!

Récemment, des marques issues de la fast-fashion comme Shein ou Pretty Little Things se sont positionnées sur ce marché hautement lucratif. C’est au tour de Zara… 

Mais quand on y réfléchit, ça ne sonne pas un peu faux tout ça ?

Ok. On ne va pas s’amuser à matraquer tout de suite, on en est à peine à l’introduction. Mais en guise de teasing, ce qui va être difficile tout au long de cet article, c’est de se retenir de sourire (ça va, je plaisante).

Zoom sur le lancement controversé de la plateforme de seconde main de Zara.

Zara Pre-Owned : à quoi ça ressemble ?

De la même manière que Vinted, Zara permet à ses clients d’acheter, de mettre en vente et même de donner ses vêtements à des associations telles que La Croix Rouge ou Le Relais pour n’en citer que quelques unes. Zara Pre-Owned propose également un service de réparation de vêtements bien pensé.

À l’exception du service de don (où les clients peuvent donner des articles toutes marques confondues), les services de vente, achat et réparation sont exclusivement réservés aux produits de la marque.

Vente et système de rémunération

Comme beaucoup qui se sont lancés après Vinted, Zara Pre-Owned s’inspire (pour ne pas dire, copie) du solide modèle économique de la start-up lituanienne.

Ainsi, la marque choisit de ne pas pénaliser le vendeur, et celui-ci perçoit l’intégralité du prix de vente de son article. L’acheteur a 3 jours pour confirmer la bonne réception du produit et déclencher le paiement du vendeur.

Côté acheteur, la plateforme prélève une commission correspondant à 1 £ (environ 1,15 €) + 5%. Quant aux frais de port, Zara Pre-Owned les fixe à 3.95 £ (environ 4,50 €) par commande et par vendeur.

Un catalogue dynamique et épuré

Là où la marque espagnole met le paquet, c’est sur son catalogue. Je mentionne à plusieurs reprises l’importance d’avoir un dressing composé de belles photos… Il faut croire que la marque ne souhaite pas faire de son listing un fourre-tout comme cela peut être le cas sur Vinted.

En effet, voilà un aperçu du catalogue Zara Pre-Owned :

Capture d’écran illustrant le catalogue Zara Pre-Owned (Site Internet Zara Pre-Owned)

Les vendeurs prennent eux-même la photo du produit, mais Zara est à même de présenter la photo originale du produit, comme si tu naviguais sur le site officiel de la marque. Ce n’est qu’en cliquant sur la vignette du produit de seconde main qui t’intéresse que tu as accès aux photos du vendeur (qui sont… ce qu’elles sont !). Brillant.

Capture d’écran illustrant un article publié par un vendeur particulier (Site Internet Zara Pre-Owned)

Nouveauté : un service de réparation

En plus de vendre, acheter ou donner ses vêtements, Zara Pre-Owned dispose également d’un réseau d’ateliers pour aider les consommateurs à redonner vie à leurs pièces d’habillement. Voici un aperçu de ce qui est actuellement proposé au Royaume-Uni :

Capture d’écran illustrant les tarifs du service de réparation de Zara (Site Internet Zara Pre-Owned)

Il faut débourser environ entre 3,40 € pour la réparation d’un bouton et jusqu’à 17,20 € pour l’ajustement d’une robe. Ci dessous l’ensemble des services et leurs tarifs :

Bouton (par unité)  £3.00 (environ 3,40 €) 

Ajustements ourlets robe £15.00 (environ 17,20 €)

Ajustements ourlets pantalon £12.00 (environ 13,75 €)

Remplacement de fermeture éclair £15.00 (environ 17,20 €)

Déchirures et petits trous £10.00 (environ 11,45 €)

Réparation de couture £10.00 (environ 11,45 €)

Déboulocher £8.00 (environ 9,20 €)

Maintenant, selon le type de réparation, Zara Pre-Owned met en garde sur les points suivants :

  • la reprise d’une couture peut avoir un impact sur la taille
  • il n’y a pas de garantie que la réparation soit invisible
  • il est possible de ne pas trouver la correspondance parfaite
  • il peut être difficile d’enlever les bouloches d’une maille épaisse

Le service de réparation est disponible en ligne (moyennant des frais de livraison à hauteur de £5.50, environ 6.20 €) ou en boutique.

Il me semble astucieux de la part de Zara de mettre à la disposition de ses clients un tel service. De plus, il ne fait que renforcer un positionnement expert de la mode. “On sait faire de la couture”.

Le seul hic selon moi, c’est que la marque use d’un système dissuasif concernant les réparations en ligne à coup de frais de livraison. Par conséquent, les clients se rendent plus facilement en boutique déposer leurs vêtements. Ce qui constitue pour Zara une nouvelle opportunité de vendre. Bien entendu, une seconde visite est nécessaire pour récupérer les vêtements réparés. Seconde opportunité.

Du coup par le biais de ce service, est-ce que Zara n’incite-t-elle pas à consommer toujours plus ? Ça se discute, non ?

La volonté d’un modèle plus durable

Quand je visite le nouveau site internet Zara Pre-Owned, je fixe longuement le slogan de la marque, je cite :”Faites durer plus longtemps les vêtements que vous aimez”. À plusieurs reprises, mes yeux naviguent entre ce nouveau slogan et la marque.

Capture d’écran du slogan de la marque Zara Pre-Owned (Site Internet Zara Pre-Owned)

Et je me dis instinctivement que si ces mots ne venaient pas de Zara, j’aurais pu avaler la pilule…

Vraisemblablement, la marque s’oriente vers un modèle plus durable. Et comment ça se traduit ? Par le fait de participer à une économie circulaire en réparant, revendant ou en donnant ses vêtements – tout cela, arboré de jolis hashtags inspirants tels que #REUSE #REDUCE #ZARAPREOWNED.

Si le concept part d’un bon sentiment et que l’initiative semble positive à première vue, quel est l’intêret de créer une telle plateforme alors que la production de la marque ne faiblit pas ?

Ok, passons à la partie moins cool…

Selon un rapport de Stand.earth publié fin octobre 2022, depuis le retour à la normale des productions, Inditex ferait état de 10 millions de tonnes de CO2 émis par sa chaîne d’approvisionnement (l’équivalent des émissions de deux millions de voitures – toujours selon ce rapport). En réalité, cette simple donnée annonce ni plus ni moins qu’une reprise à la hausse des émissions de CO2. Je t’invite à consulter ce rapport, ça fait froid dans le dos.

Et c’est pour cette même raison que je me dis que c’est peut être le moment idéal pour la marque de se lancer en seconde main. Tu sais, histoire de détourner l’attention de ce que l’on appelle une catastrophe environnementale. Appelons un chat… un chat.

Qu’en penses-tu ? Ne m’en veux pas, mais je continue sur ma lancée…

Un guide sur l’entretien des vêtements et l’économie d’énergie

Ou en anglais, Clothing Care Guide. Really?

Que Zara nous conseille sur la manière de prendre soin de nos vêtements, je veux bien. En revanche, qu’elle nous dise comment réduire la quantité d’eau et d’énergie que nous consommons lors du lavage, séchage et entretien du textile. Heu, là, stop !

Je t’assure, j’ai encore du mal à m’en remettre… Et pourquoi ? Très simple.

L’industrie textile produit 20% des eaux usées mondiales (troisième consommateur d’eau au monde) et 10% des émissions de carbone.

On marche sur la tête.

Pourquoi devrais-je suivre les conseils de marques issues de la fast fashion concernant l’eau ou l’énergie – alors qu’elles mêmes consomment en moyenne 2 700 litres d’eau pour la confection d’un t-shirt et entre 7 à 10 000 litres pour celle d’un jean ?

Autrement dit, “Faites ce que je dis, pas ce que je fais !”

Maintenant, avec tout ce que j’ai évoqué précédemment, comment ne pas songer au fait que Zara (comme beaucoup d’autres) fait appel au greenwashing ?

À méditer.

Conclusion

Avec le lancement de Zara Pre-Owned, la marque espagnole fait d’une pierre, deux coups. Elle se donne bonne image (et bonne conscience) en confortant les consommateurs dans l’idée qu’elle poursuit une démarche plus responsable, tout en développant une nouvelle source de revenus… Yay!

Si aujourd’hui le service est lancé en test au Royaume-Uni, il est fort probable qu’on le voit arriver chez nous très prochainement. De quoi amener une nouvelle concurrence à Vinted, enfin… au moins pour une marque.

Maintenant, je ne te cache pas que j’aimerais beaucoup connaître le fond de ta pensée sur le sujet.

Est-ce que c’est un service que tu te vois utiliser, ne serait-ce que pour vendre tes pièces Zara ? Que penses-tu de l’initiative de la marque ? Et est-ce que tu continues à acheter autant de vêtements de marques fast fashion ?

Fais moi part de tes réflexions en commentaire !

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