Thomas Plantenga, le patron de Vinted en visite à Paris, a donné un interview à l’équipe de BFM Business.
C’est en anglais que le PDG néerlandais âgé de 38 ans s’exprime. Barbu, et vêtu d’une chemise bleue marine, on découvre que ses cheveux ont bien poussé (tout comme sa plateforme), ce qui lui vaut un look hipster affirmé.
Je n’avais pas entendu parler de Thomas Plantenga depuis son exceptionnelle levée de fonds de 250 millions d’euros, ce qui avait propulsé la valorisation de Vinted à 3,5 milliards d’euros.
Retrouvons l’essentiel de l’interview du PDG de la plateforme lituanienne de seconde main.
Un succès fou en France
Vinted rassemble 16 millions d’utilisateurs en France.
Selon son PDG, Vinted doit son succès aux partenaires de l’entreprise. J’imagine que Thomas Plantenga fait notamment référence aux partenaires de transport avec lesquels Vinted collabore – Mondial Relay ou encore Chronopost pour n’en citer que quelques-uns.
Aussi, la France dispose d’une culture et d’un intérêt pour la mode.
Enfin, les premiers efforts et investissements de Vinted ont été concentrés en majorité sur le continent dès les premières années.
Tous ces éléments réunis ont contribué à une croissance importante en France.
L’impact de la crise du COVID-19 sur la croissance de Vinted
Fin 2019, juste avant le début de la crise sanitaire, Vinted atteignait le statut de licorne avec une valorisation à 1 milliard d’euros. Ce sont 3,5 milliards d’euros que l’entreprise vaut aujourd’hui.
Les ventes de produits sur Internet ont connu une augmentation de +30% en 2020, en raison du confinement.
Vinted fut contrainte d’interrompre son activité lors de mesures gouvernementales inédites annonçant la fermeture de l’ensemble des commerces en mars 2020.
Thomas Plantenga pointe le fait que la plateforme a connu une chute de son chiffre d’affaires lors de cette période.
Rappelons néanmoins que c’est aussi à cette même période que Vinted a vu croître son nombre de membres de 20%. En effet, à défaut de pouvoir vendre ou acheter quand l’économie s’arrête, rien n’empêche de publier les articles de son dressing sur Vinted…
Après cet arrêt brutal, et la concentration de nouveaux membres pendant le confinement, le nombre de ventes a explosé sur la plateforme.
“Nous sommes exactement aux objectifs que nous avions fixé avec les investisseurs avant le COVID”, explique Thomas Plantenga.
Le fantasme d’aller à la rencontre d’un public différent
Aujourd’hui, Thomas Plantenga confirme que le cœur de cible du marché de la seconde main sont les jeunes et les femmes.
Selon lui, tout le monde devrait prendre part à une économie en devenir d’être durable.
“Je vois une économie qui est durable, et une partie de cette économie doit devenir circulaire. Je crois que nous (…) serons capable de faire de la seconde main le premier choix. Et de rendre normal que les produits que nous utilisons aient une deuxième, troisième, quatrième vie, et ainsi mettre moins de pression sur l’environnement”.
L’ambition de faire de la seconde main le premier choix
Selon Thomas Plantenga, le concept de Vinted a bien souvent été moqué. Personne n’imaginait que la plateforme rencontrerait du succès auprès du grand public.
“Si l’on prend le total des ventes dans la mode en ligne et en physique, nous en représentons une part sérieuse”, explique le PDG de Vinted. “Nous continuons de grossir très vite, et sommes en train de changer les habitudes de consommation”.
En tant qu’entrepreneur et européen, Thomas Plantenga rappelle qu’il est important de se fixer des objectifs ambitieux, et de construire des entreprises dont la société bénéficie.
Les prochains objectifs de Vinted
Le premier est de poursuivre la construction de sa présence en Europe. Il y a moins d’un an, Vinted s’est lancé en Italie, puis plus récemment au Portugal.
Le second est de pouvoir agir sur différents domaines de l’industrie de la mode, en allant plus loin dans chaque catégorie. Thomas Plantenga a notamment fait référence au transport et à la manière dont les gens expédient aujourd’hui :
“L’Europe est un patchwork avec différents pays, régulations et transports. Vinted aimerait rassembler avec une expérience fluide et efficace afin de faciliter les échanges”.
Je dois avouer être restée dubitative sur ce passage. Vinted souhaiterait-elle innover en matière de transport afin de favoriser les échanges européens ?
Si ça te dit de réfléchir avec moi…
Un secteur envié par les acteurs de la mode
Pour Thomas Plantenga, il n’y a plus de doute. La seconde main est devenue un véritable business. Les marques qui la boudaient autrefois ont finalement rejoint le mouvement.
Toutefois, les nouveaux acteurs de la seconde main ont tendance à se concentrer sur des niches. C’est par exemple le cas de Beebs, une start-up française dédiée à l’univers de l’enfant, et qui vient de lever 3 millions d’euros huit mois seulement après son lancement.
“L’industrie de la mode au niveau mondial pèse 2 200 milliards”, affirme Thomas Plantenga. “Ce marché doit devenir une économie circulaire et donner des opportunités pour différents types d’acteurs de la seconde main. (…) Nous sommes aussi réalistes, nous ne serons pas les seuls, et beaucoup d’autres entreprises vont y prendre part”.
Les partenariats avec les marques ? Pas une priorité
“Les vêtements n’appartiennent pas aux marques, ils appartiennent aux gens”, explique Thomas Plantenga.
Vinted priorise le développement de son application, et le bon fonctionnement de celle-ci.
Dans un autre interview donné à Fashion Network, Thomas Plantenga avait déjà parlé de son ouverture pour des collaborations avec les marques, tout en précisant que ce n’était pas pour autant une priorité absolue.
“Nous sommes au service des particuliers pour avoir le produit qui fonctionne le mieux”, explique le PDG de Vinted. “(…) Ce sont eux nos clients, et nous nous concentrons sur eux”.
Un avenir en Bourse ?
La réponse de Thomas Plantenga est claire. Il ne rêve pas d’introduire Vinted en Bourse – la priorité du PDG est de développer un produit utile à la société.
Toutefois, au moment d’évoquer les moyens de financement de l’entreprise, celui-ci n’exclut pas la possibilité d’accueillir des fonds publics… comme privés.
L’important étant d’obtenir les meilleurs investissements sur le long terme pour construire l’entreprise à la vision ambitieuse de faire de la mode d’occasion le premier choix dans le monde.
“Que ce soit Wall Street, la Bourse de Londres, ou celle de Paris, je m’en contre fiche”, termine Thomas Plantenga.
Conclusion
Avec cet interview, on sait désormais que Vinted compte un nombre astronomique de 50 millions de membres dans le monde, répartis dans 15 pays.
Ce ne sont pas moins de 1000 collaborateurs qui évoluent en Lituanie, Allemagne, et République Tchèque (oui, ça paraît toujours minuscule au vu du nombre de clients…).
Néanmoins, la plateforme semble encore avoir de beaux jours devant elle, sans craindre la montée en puissance des nouveaux acteurs de la seconde main.
Tu peux retrouver l’intégralité de l’interview de Thomas Plantenga ici.