L’effervescence persistante autour de Vinted amène les marques qui vendent du neuf, à proposer à leur tour une offre de seconde main. Les consommateurs boudent la vente classique au profit de produits pré-utilisés.
En effet, 25% des consommateurs internationaux ont acheté un article d’occasion, contre 24% en 2018 – ce qui représente 10 millions de nouveaux clients en un an.
Les shoppers souhaitent réaliser des économies en achetant du pre-loved, et consommer plus responsable. La crise économique liée au COVID-19 renforce clairement la tendance pour le marché de l’occasion, ce qui n’échappe pas à bon nombre de marques.
Craignant de rater la vague, elles se lancent corps et âme dans un gigantesque marché, dont Vinted s’octroyait les 56% en 2019.
Vinted aurait-elle servi d’éclaireur ?
En réponse à un nouveau mode de consommation, comment les marques s’adaptent, de quoi se composent leurs offres, et Vinted doit-elle se méfier ?
Lumière sur ces marques qui se réinventent avec du vieux.
Patatam séduit la grande distribution
Voilà une bien belle démonstration de l’entreprenariat à la française. Patatam.
C’est au cours d’un voyage aux États-Unis que Éric Gagnaire, actuel PDG, a l’idée du concept de Patatam, inspiré par le géant de la mode de seconde main, ThredUp.
À l’origine, Patatam se spécialise dans le rachat et la vente de vêtements d’occasion pour femmes et enfants.
Le rachat n’est pas systématique, puisque Patatam ne reprend uniquement les pièces qui sont dans un état impeccable. Le gage de qualité est donc partie intégrante de son offre.
S’adressant d’abord aux particuliers, Patatam évolue et multiplie aujourd’hui les partenariats avec des enseignes de grande distribution.
C’est avec Auchan que l’entreprise se lance d’abord en février 2020, avec l’installation de cinq corners au sein des hypers. À la liste s’ajoutent Casino, Carrefour, Système U, Cora et prochainement E.Leclerc…
Gemo et Kiabi font aussi partie des marques associées à Patatam. Il semblerait que le phénomène ne semble pas s’arrêter, puisque que Éric Gagnaire affirme être en discussion avec plusieurs marques de mode.
Depuis 2013, Patatam a écoulé plus de 7 millions d’articles via son site Internet, et a réalisé en 2019 un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros.
L’ambition de Patatam ? Rendre accessible au plus grand nombre une mode de seconde main vérifiée et normée. Vinted n’a qu’à bien se tenir.
Pour La Redoute, c’est La Reboucle !
La Redoute, on s’en rappelle (pour les plus anciennes, haha !). Avant Internet, c’était un (gros) catalogue.
La Redoute, c’est le dinosaure de la vente par correspondance. Je me permets d’employer le terme dinosaure parce que l’entreprise date de 1837…
Mais revenons en 2020 ! La Redoute en version mode d’occasion, ça donne La Reboucle. Détenue en majorité par Les Galeries Lafayette, l’entreprise originaire de Roubaix, a annoncé son offre de revente entre particuliers le 16 décembre.
Le site invite ses clients à publier des articles dès aujourd’hui, pour un début des ventes début janvier 2021. Et franchement, à première vue, l’offre est séduisante.
Donc comment ça fonctionne ?
Même principe que Vinted, il suffit de publier l’article, emballer le colis, et recevoir l’argent.
Le service laisse le choix de récupérer l’argent ou de le transformer en bon d’achat La Redoute. Dans le dernier cas, c’est augmenté de 25%. Astucieux de la part de l’entreprise pour inciter ses clients à racheter sur le site…
Mais une question subsiste. Est-ce bien responsable de vendre (massivement) du vieux pour racheter du neuf ? Le concept de la seconde main étant de consommer plus responsable, je pense que le débat est légitime. Affaire à suivre.
Autre subtilité permettant de gagner du temps. Si l’article mis en vente provient de chez La Redoute, la description de l’article est automatiquement remplie grâce à l’historique d’achat.
Enfin, sur un créneau encore peu exploité qui est le mobilier de seconde main, La Reboucle innove et propose la vente de meubles, même très volumineux en collaboration avec Cocolis, start-up spécialisée dans l’envoi de colis et le transport entre particuliers.
La Redoute, c’est plus de 10 millions de clients à l’international, avec un chiffre d’affaires de 875 millions en 2019.
L’offre “copier-coller” de Cdiscount
C’est sans prise de tête que Cdiscount Occasion se lance dans la vente d’occasion entre particuliers. La plateforme emprunte tout simplement le business model de Vinted…
En effet, ce sont 0.70 centimes et 5% du prix de l’article qui sont facturés à l’acheteur. Pour l’envoi des colis, c’est le bien connu Mondial Relay qui s’en charge.
Pour trouver son bonheur, il va falloir fouiller puisqu’on peut trouver aussi bien des jumelles que des sacs à dos, des livres, ou encore des téléphones portables…
Sans surprise, je n’ai pas du scroller bien longtemps pour me rendre compte que des produits douteux sont proposés à la vente, comme cette sacoche pour homme (ressemblant fortement à la griffe de Gucci) à 17 euros…
Maintenant, comme tout nouveau lancement, tout est perfectible. Tout comme Vinted, j’imagine que Cdiscount va se mettre à faire le ménage parmi les membres.
À titre personnel, je ne suis pas vraiment fan de Cdiscount (mes expériences sur le site n’ayant pas été franchement super positives). Mais pour tester quelques produits pas trop chers qui n’auraient pas leur place sur Vinted, Cdiscount Occasion semble être une nouvelle alternative intéressante.
Selon moi, le fait que Cdiscount choisisse le même modèle que Vinted est une réponse rapide pour se faire une place sur le marché de la seconde main, au détriment d’une trop longue réflexion du modèle économique idéal. Donc je m’attends à ce que ça bouge.
Et tu sais ce qu’on dit ? Toujours copié, jamais égalé…
Cela étant dit, attendons encore quelques semaines pour découvrir les premiers feedbacks…
Zalando en mode “rachète ou donne”
Vérifié et sélectionné. À l’instar de ce qu’offre Vinted , Zalando positionne son offre avec un argument de taille. Voici ce qu’a déclaré Riccardo Vola, directeur de Zalando pour l’Europe du Sud :
« L’intérêt pour les articles de seconde main est considérable et ne cesse de croître, particulièrement auprès des jeunes générations. Or, pour le moment, la clientèle ne bénéficie pas d’un service simple et fiable permettant de concilier facilement la vente d’articles qu’on ne souhaite plus porter, à une expérience agréable de shopping en ligne d’articles de seconde main ».
Est-ce qu’il s’agit d’une menace ? lol. En tout cas, cette déclaration est une manière bien subtile de faire de l’ombre à la plateforme lituanienne…
C’est donc depuis le mois d’octobre que Zalando permet le rachat et la vente d’articles de mode de seconde main.
Pour vendre des pièces sur Zalando, il n’est pas indispensable qu’elles proviennent de la marque allemande. En revanche, elles doivent être en excellent état. Il est possible d’envoyer jusqu’à 20 pièces.
En échange, Zalando offre des cartes cadeaux à utiliser sur son site, ou de faire don des crédits auprès d’associations – la Croix-Rouge ou WeForest. Je trouve cette idée plutôt pas mal.
Ce qui est top, c’est que tout est prévu pour déclencher la vente plus facilement. Avec des visuels attractifs, des articles de qualité, et des informations complètes, on hésite moins à ajouter au panier. Là où sur Vinted, ça peut parfois demander plus de réflexion.
On adore aussi le fait de pouvoir bénéficier des mêmes conditions de retour que pour l’achat de pièces neuves sur Zalando – un retour gratuit sous 100 jours. Yes!
Vinted, tu serais pas en train de trembler, là ?
Ikea ou Levi’s s’y mettent, mais localement pour commencer
Ikea en Suède
Ikea débarque avec un concept pilote de mobilier de seconde main dans la ville de Eskilstuna, en Suède.
Et ce n’est pas n’importe où que le géant du meuble en kit a choisi de s’installer puisqu’il prend place dans le tout premier centre commercial de seconde main au monde, ReTuna.
Approvisionnée par un Ikea voisin, la boutique de ReTuna propose des produits ayant été réparés après endommagement, et revendus à un tarif avantageux.
Avec la progression de la seconde main en France, il faut s’attendre à voir ce format prendre forme chez nous, vraisemblablement sous la forme de boutiques plus petites.
La boutique du centre commercial de ReTuna s’étend sur une superficie de 72 mètres carrés, bien loin des 20 000m2 auxquels la firme suédoise nous a habitués.
Avec ce projet, Ikea s’inscrit un peu plus dans des valeurs environnementales. Récemment, l’entreprise suédoise a dit adieu à son légendaire catalogue – ouvrage le plus distribué dans le monde avec 200 millions d’exemplaires traduits dans une trentaine de langues.
Levi’s aux US
Le leader américain du jean présente son offre de seconde main, Levi’s Second Hand.
La marque propose ainsi à ses clients de déposer leurs anciens jeans et vestes Levi’s dans les boutiques participantes, en échange d’une carte cadeau d’une valeur de 15 à 25 dollars pour de futurs achats.
Levi’s se charge de remettre les pièces à neuf, et de les vendre à travers Levi’s Second Hand dont les prix se situent entre 30 et 100 dollars (entre 25 et 85 euros).
Les produits trop usés sont échangés contre 5 dollars et recyclés avec l’entreprise Renewcell, spécialiste suédois du recyclage textile (qui travaille en collaboration avec H&M depuis 2012 pour le recyclage des vêtements).
Conclusion
Tu l’auras compris. C’est la bousculade dans le secteur de la seconde main. S’il est vrai que tout le monde réclame sa part du gâteau, il est pourtant vital de s’adapter à ce que le marché demande…
Et ces derniers mois, c’est l’occasion dont raffole les consommateurs. À voir le nombre d’offres qui se multiplient, il semblerait que le boom de la seconde main soit bien parti pour durer…
Mais combien de temps ? C’est l’avenir qui nous le dira.
Top cet article merci beaucoup c’est vraiment très complet comme liste :). Moi perso j’achète toute la seconde main enfant et bébé sur https://www.beebs.app 🙂
Bonjour Amélie,
Merci pour ton commentaire 😉